Béatrice Balcou I Kazuko Miyamoto à l’ISELP (21/04 – 02/07/2016)


iselp-KimagetêteL’institut supérieur pour l’étude du langage plastique a vu le jour en 1971 sous l’impulsion de Gita Brys-Schatan. Depuis lors, le lieu, hébergé par les anciennes écuries du palais d’Egmont, a connu quelques modifications. Il dispose en plus des deux salles d’expositions d’une salle de conférence où des cours s’y tiennent régulièrement, d’un café et d’un espace voisin qui combine un espace de résidence artistique avec un centre de documentation et depuis peu d’un espace transitoire à l’entrée, la Double Room. Favorisé le dialogue et les échanges tout en développant une réflexion critique sur l’art contemporain avec pédagogie, tels sont les objectifs de l’ISELP.

La notion d’échange prend particulièrement tout son sens dans cette exposition. Déjà le titre met l’accent sur l’identité des deux artistes. La première, Béatrice Balcou, artiste française plasticienne et performeuse adoptée par la Belgique. La deuxième, Kazuko Miyamoto, japonaise et ancienne assistante de Sol LeWitt vivant à New York. Outre les années, leurs cultures et leurs expériences, les deux artistes ont plusieurs points communs comme cet attachement pour le minimalisme et le geste « du fait main ». Elles se sont rencontrées il y a un an, sous l’impulsion de Florence Cheval, curatrice de l’exposition. Un regard sur l’autre se pose ici.

Produit d’une résidence, l’exposition révèle le caractère authentique de l’œuvre de Béatrice Balcou ainsi que la structure incongrue de ce lieu industriel. De loin, la cimaise orchestrée judicieusement se rend visible mais c’est en passant la passerelle que l’on découvre toute sa richesse. Un Sol LeWitt par-ci, une œuvre de Kazuko par là et sur une ligne à hauteur d’assise la série des Impressions placebos de Béatrice laisse apparaître avec intensité une variation de texture de bois et des formes mystérieuses rappelant d’autres œuvres. On se retourne et de fil en clou se tisse Demountables Walls for Illusion of Trail Dinosaur, une oeuvre produite par Béatrice selon la maquette Model of Illusion of Trail Dinosaur réalisée par Kazuko Miyamoto en 1979, vue à la Sol LeWitt Collection qui elle n’est pas démontable et intègre l’oeuvre devant être réalisée in-situ, Illusion of Trail Dinosaur.  Non loin de là, le dessin IV, de la série Les apostrophes silencieuses, trace à la ligne épurée du graphite des formes qui là aussi font référence à des sculptures de divers artistes comme Black Polder de Tatiana Trouvé (2003).

Vue d'exposition-Beatrice Balcou I Kasuko Myamoto, Iselp 2016

Vue d’exposition-Beatrice Balcou I Kasuko Myamoto, Iselp (2016) Photo © : Gille Ribero

 

 

Il suffit de se pencher à la mezzanine et là, installée dans la salle du bas, après avoir descendu l’escalier en colimaçon, la série The K Miyamoto Boxes composée de neuf boîtes contenant une œuvre placébo de l’artiste française inspirée du travail de l’artiste japonaise s’articulent naturellement au côté de la HatBox (1975)  dépliée pour l’occasion sous toutes ses formes et facettes. Éclairée avec simplicité par la lumière du jour pour mieux faire apparaître la matière, elles nous mènent à la salle du fond où les multiples œuvres de Nine Stools for an Exhibition Space s’agglutinent autour d’un socle soutenant une mystérieuse boîte. Il s’agit d’une salle préparée pour Untitled Ceremony #08, œuvre performance de Béatrice Balcou qui, avec attention, va manipulé une œuvre d’art. En ne dévoilant le nom de l’artiste qu’à la fin, l’artiste questionne l’aura qu’on attribue trop souvent à une œuvre sans y voir l’essence même de celle-ci, sa matérialité.

Le chemin se termine avec le protocole de cette future cérémonie. Un dispositif cher aux deux artistes que l’on retrouve à plusieurs moment dans cette remarquable exposition. Une fois de plus, Béatrice Balcou met en lumière de façon actuelle, originale et humble l’identité artistique et son intermédiaire en laissant une vraie place au public d’être au plus près du travail plastique.

Une rencontre à faire jusqu’au 2 juillet au 31 du boulevard de Waterloo. A retrouver aussi dans l’émission  Par Ouï dire sur la RTBF la Première par Thierry Génicot.

Maëlle.D

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